Les plantes indicatrices forestières

Pourquoi parle-t-on de plantes bio-indicatrices ?

 

Parce qu’une plante ne pousse pas n’importe où ! Il existe de fortes interactions entre la plante et le milieu où elle vit. Elle pousse où elle va trouver les éléments nécessaires à la levée de dormance de sa graine, puis à sa croissance. Et ces éléments sont différents pour chaque plante. Comme chez l’être humain, certains préfèrent le soleil, d’autres l’ombre, certains préfèrent le salé, d’autres le sucré…

Les plantes sont semblables : chacune a ses préférences. Certaines vont apprécier des sols acides, d’autres des sols plutôt carbonatés, certaines vont pousser plutôt au soleil, d’autres plutôt à l’ombre, certaines vont proliférer en milieu humide, d’autres choisiront des milieux secs, une autre va se dire « hum, moi j’aime bien le sel ! »…

Mais il ne s’agit pas juste d’un caprice de la part de la plante… Tout au long de leur évolution, les plantes ont dû s’adapter à des contraintes de milieu très variées. Cette formidable capacité d’adaptation des plantes à leur milieu en fait d’excellentes révélatrices des caractéristiques de leur environnement.

Ainsi, quand on connait les exigences d’une plante, on peut en déduire les caractéristiques du milieu où elle pousse. Et vice-versa, quand on connaît un milieu, on a une bonne idée des plantes que l’on va y rencontrer, ce qui n’est pas sans intérêt.

 

Qu’est-ce que la plante va nous indiquer ?

 

Une plante ne pousse pas à un endroit par hasard. Sa présence, son abondance nous informent sur le milieu où elle vit. Tout s’avère fonction des besoins vitaux de la plante, en particulier en eau, nutriments, luminosité et substrat.

Ainsi certaines plantes vont se développer préférentiellement sur des milieux acides, pauvres en éléments nutritifs, d’autres sur des milieux calcaires, plus riches, d’autres encore vont pousser sur des terrains à forte teneur en eaux ou sur des terrains plutôt secs, d’autres encore affectionnent des milieux plutôt ouverts bien ensoleillés, d’autres l’ombre… Certains végétaux ne se rencontrent que sur des milieux bien particuliers : terrains riches en sels, sable, rochers, éboulis…

Toutefois, pour qu’elle soit indicatrice du milieu, il faut que la plante soit relativement abondante. Une plante seule n’est pas révélatrice de son environnement.

Une plante peut ainsi nous indiquer le niveau trophique d’un sol qui correspond à sa richesse en éléments nutritifs.

  • Exemple de plante acidiphile (qui affectionne les milieux acides pauvres en éléments nutritifs) : la callune = Calluna vulgaris

 

  • Exemple de plante acidicline (qui affectionne les milieux un peu moins acides que les précédents) : le chèvrefeuille des bois = Lonicera periclymenum

  • Exemple de plante neutrocline (qui affectionne les sols à pH proche de la neutralité) : l’aspérule odorante = Galium odoratum

  • Exemple de plante neutrocalcicole (espèce prospérant sur des sols allant des sols bruns riches à des sols carbonatés) : la viorne lantane = Viburnum lantana

Exemple de plante calcaricole et calcicole (espèce prospérant sur des sols riches en calcaire actif ou du moins en calcium) : l’Héllébore fétide : Helleborus foetidus

Une plante peut également nous indiquer le niveau hydrique d’un sol qui correspond à sa richesse en eau.

  • Exemple de plante hygrophile (qui affectionne les sols à engorgement permanent) : le populage des marais = Caltha palustris

  • Exemple de plante mésohygrophile (qui affectionne les sols à engorgement temporaire) : la reine des près = Filipendula ulmaria

  • Exemple de plante xérophile (qui affectionne les sols superficiels, conditions pédoclimatiques sèches) : le dompte venin = Vincetoxicum hirundinaria

  •  Exemple de plante mésoxérophile (qui affectionne les milieux aux conditions pédoclimatiques moins extrêmes que les précédentes) : le sceau de Salomon odorant = Polygonatum odoratum


Une plante peut nous indiquer l’étage de végétation.

  •   Exemple de plante du collinéen : le fragon = Ruscus aculeatus

  •   Exemple de plante du montagnard : la prenanthe pourpre = Prenanthes purpurea

  •   Exemple de plante du subalpin : l’homogyne des Alpes = Homogyna alpina

  •   Exemple de plante du pourtour méditerranéen : tout le monde connait la lavande caractéristique de la zone méditerranéenne mais avez-vous déjà vu la plante nourricière des stroumpfs, la salsepareille (= Smilax aspera, toxique) autre plante  indicatrice du pourtour méditerranéen !

    Les plantes nous parlent, à nous de les comprendre !


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Asperge, asperge, et asperge !